Éditions H&K

Problématiques philosophiques (dissertations corrigées de philosophie)

couverture

Public : étudiants en philosophie, élèves en prépa littéraire

Caractéristiques : 16,90 € • 296 pages • Format 17 × 25 cm • Paru le 10 février 2013 • Imprimeur certifié Imprim'Vert • ISBN: 978-2-35141-287-9

Auteur : Bernard Baas

En stock

Acheter sur  Amazon

page miniature
Pages d'introduction
page miniature
Table des matières
page miniature
Sujet « La transparence »
page miniature
Index
Télécharger les extraits

Le livre

Ce livre propose quinze dissertations de philosophie, rédigées d'une plume claire et précise, pour comprendre l'exercice par l'exemple. Ces « corrigés » particulièrement riches vous permettront d'observer comment la pensée se cherche et le raisonnement se construit, mais aussi d'accroître et d'approfondir votre connaissance du corpus.

Voici la présentation qu'en donne l'auteur.


Dans son Dictionnaire des idées reçues, Flaubert proposait cette définition : « Œuf. Point de départ pour une dissertation philosophique sur la genèse des êtres ». On pourrait aujourd'hui y ajouter cet article : "Dissertation. Exercice verbeux, assommoir des esprits vifs". Car l'accusation portée contre l'exercice de la dissertation philosophique – y compris et peut-être surtout universitaire – est, aujourd'hui comme autrefois, le lieu commun de la critique dite pédagogique. Et elle ne s'autorise pas simplement du témoignage de ces élèves que l'école a toujours ennuyés ou des récriminations de quelques agrégatifs dépités. De "grands" esprits s'y sont aussi ralliés : Lévi-Strauss n'y voyait qu'une « gymnastique » faite d'« artifices de vocabulaire » et fondée sur « une méthode toujours identique, une forme unique toujours semblable », dont le seul effet est de « dessécher l'esprit ». Et à force d'en répéter, pour ses étudiants de l'ENS, les ressorts rhétoriques et les ordonnances formelles – une « orthopédie du discours », comme il disait – Derrida se lassait, avouait-il finalement, de devoir leur apprendre à « faire le singe ».

On remarquera que ces critiques prennent toutes pour cible principale le caractère "formel" de l'exercice qui ruinerait à l'avance toute originalité de son contenu ; c'est pourquoi on le dit "académique", avec toute la charge de dédain et de pitié mêlés dont on affecte alors cet adjectif. Il est vrai que, depuis que le genre a été déclaré "figure imposée" dans l'institution scolaire et universitaire française (soit en 1864), d'innombrables ouvrages, toujours fort savants, ont été publiés à l'intention des étudiants pour leur en apprendre toutes les "ficelles": Théorie de la dissertation philosophique, Technique de la dissertation philosophique, Méthode de la dissertation philosophique et même – pour se parer d'un supplément de rigueur épistémologique – Méthodologie de la dissertation philosophique... On le sait d'expérience : jamais la lecture de tels ouvrages n'a suffi à la réussite d'aucun élève. C'est que, en ce domaine comme en tant d'autres, passer de la théorie à la pratique requiert en plus le jugement. Or, comme le rappelait le vieux Kant, « au manque de jugement aucun enseignement ne peut suppléer », parce que la faculté de juger est une sorte de « don naturel qui ne peut pas du tout être appris, mais seulement exercé ».

Dès lors, "exercice" ne saurait plus signifier ici l'application aveugle de quelques recettes – même rassemblées en une "méthode"; mais c'est, au sens du verbe latin exercere (qui signifie "mettre en mouvement", "tenir en haleine", "ne pas laisser en repos", donc, littéralement, "inquiéter") une provocation à se risquer dans la pensée, plus précisément : à se risquer à penser, c'est-à-dire à s'imposer à soi-même l'exigence du discernement conceptuel, à traquer sans relâche ce qui fait problème, à déjouer les solutions trop faciles et à ne jamais s'estimer quitte de tout questionnement. Ce qu'on appelle une "problématique" philosophique n'est donc pas le remplissage d'une forme donnée d'avance ; mais elle engendre sa propre forme (sa construction, sa progression, le style de sa formulation, ses variations de tonalité...) par la constante inquiétude de la pensée. C'est dire que cette pensée inquiète requiert pour première vertu non la docilité du tâcheron, mais le courage intellectuel.

Encore faut-il que le maître accompagne l'élève dans cet exercice. Cela ne signifie pas lui tenir la main pour mieux diriger sa dictée, ni le rassurer par la suggestion de quelques "pistes" de réflexion, ni même l'orienter par quelques conseils de lecture, si pertinents qu'ils soient. Accompagner l'élève, c'est se risquer soi-même à l'exercice qu'on lui réclame. Cela veut dire : produire soi-même la rédaction intégrale de la dissertation – ce qu'on appelle, faute de mieux, son "corrigé" – qui certes ne saurait être pris pour le modèle de ce qu'il fallait faire, mais pour un exemple de ce qu'on pouvait faire. Et l'exemple sera d'autant plus utile qu'il intégrera, dans son propre parcours discursif, les difficultés conceptuelles et référentielles que les étudiants auront rencontrées dans la préparation de leur copie ; ce qui sera pour eux une nouvelle manière d'exercer leur jugement.

Ce sont de tels "corrigés" qui sont ici proposés, sous le titre général de "problématiques philosophiques". Ils ont été écrits à l'intention d'étudiants de khâgne, qui – on a plaisir à le dire – avaient fait preuve de suffisamment d'inventivité, d'esprit et de courage pour qu'on se soit senti tenu de leur proposer en retour quelque chose qui fût à la hauteur de leurs propres travaux. Cela explique que la longueur de ces textes excède les limites habituelles d'une dissertation scolaire ou même universitaire, à tel point qu'ils pourraient sembler s'apparenter davantage à des petits cours thématiques ou à des leçons synoptiques qui n'auraient pour fin que de "faire le tour de la question". Ce n'est pourtant pas leur statut. Car leur finalité, rien moins qu'encyclopédique, est de montrer comment seule l'analyse conceptuelle justifie le recours aux auteurs de la tradition ou à ce qu'on appelle leurs "doctrines", afin de cerner et de construire un problème philosophique. Ce sont donc bien des dissertations philosophiques, revendiquées comme telles.

Leur publication s'adresse, bien sûr, aux étudiants des classes préparatoires et des universités ; mais aussi à tous ceux que n'aura pas "formatés" le prêt-à-penser de l'époque et qui conservent encore assez d'appétence philosophique pour exercer leur vitalité d'esprit.

À l'adresse des étudiants, il n'est toutefois pas inutile de préciser comment faire bon usage de ces dissertations. On aura déjà compris qu'il ne s'agit pas là de "corrigés-types" de dissertation de concours. Toutefois leur facture obéit, dans son principe, aux exigences de la dissertation philosophique. Celle-ci peut être définie: un discours conceptuel problématique.

"Discours", tout d'abord. Cela signifie non pas une petite promenade bavarde et artificiellement érudite s'achevant sur une fin prévisible. Mais un parcours qui emprunte les détours nécessaires (discursus signifie, littéralement, "détour") pour parvenir à une conclusion qui, sans eux, aurait été inconcevable et donc injustifiable. C'est pourquoi, bien que ce ne soit pas toujours absolument nécessaire, il est bon que cette conclusion résume brièvement le parcours problématique qui a été suivi ; cela permet au lecteur (qui peut être un correcteur) de ressaisir, de manière synoptique, les étapes de ce parcours et la continuité de leur enchaînement. On veillera donc à ne pas se tromper sur la fonction des titres qui précèdent chaque partie et chaque section des dissertations ici présentées (dans une dissertation "normale", il est habituellement préférable de ne pas les indiquer) : ces titres ont pour seule fonction de faciliter le repérage des différentes étapes du parcours ; ils ne sont pas les titres de paragraphes hétérogènes et simplement additionnés sur un mode parataxique. S'ils sont ici mis entre crochets, c'est justement pour inciter le lecteur à prêter attention à la continuité du discours dans lequel ils s'intercalent.

Discours "conceptuel", ensuite. Le concept n'est ni la notion, ni l'idée. En effet, du terme (ou des termes) qui fait le sujet d'une dissertation, on a d'emblée une certaine notion (i.~e. une certaine intelligence); mais la notion est une compréhension spontanée, non réfléchie, et qui ne rend pas précisément compte d'elle-même. On peut donc vouloir lui substituer l'idée par une définition qui en délimite précisément le champ sémantique. Mais, à s'en tenir à la seule idée, on risque alors de manquer ce qui fait le concept. Car le concept n'est pas simplement une signification déterminée; il comprend – il rassemble, il recueille (concipere signifie, littéralement, "prendre ensemble") – toutes les représentations qui se rattachent implicitement au terme étudié, par des rapports de proximité sémantique, de synonymie, d'antonymie, d'homonymie, d'analogie, de subordination, de consécution... C'est tout cela que doit expliciter l'analyse conceptuelle, en s'appuyant sur des exemples simples. On ne sera donc pas surpris que les dissertations ici proposées commencent le plus souvent par cette analyse conceptuelle (et cela avant même de se lancer dans l'examen de tel ou tel auteur), parfois même qu'elles la reprennent plus loin pour la compléter ou la corriger; car c'est elle qui permet de faire qu'un problème philosophique ne se résume pas à des débats doctrinaux.

Discours conceptuel "problématique", enfin. Une problématique n'est pas une thématique: celle-ci expose successivement les différents contenus du thème, de sorte qu'on peut en annoncer d'emblée l'ordre d'exposition; celle-là, en revanche, progresse en fonction des difficultés que rencontre la réflexion. Et ces difficultés ne sont pas programmables. C'est pourquoi, contrairement à ce qu'on dit souvent, l'introduction d'une dissertation philosophique ne saurait déjà exposer le plan de son parcours (si c'était le cas, ce parcours serait thématique et non problématique). Certes, dans le travail préparatoire, les premières idées et références consultées (peut-être même quelques premières séquences rédigées) constituent la "matière" à laquelle il faut ensuite donner une "forme". Mais cette forme ne saurait être un cadre que le développement ne ferait que remplir plus ou moins artificiellement. On l'a dit : le discours problématique engendre sa progression à mesure de son parcours, parce que ce sont les difficultés rencontrées au terme de chacune de ses étapes (une contradiction, un contre-exemple, une aporie, un paradoxe...) qui requièrent le passage à l'étape suivante; et l'on voit mal comment ce passage pourrait être annoncé avant que soient apparues ces difficultés. La fonction de l'introduction n'est donc pas de baliser à l'avance le parcours ; elle est de lancer la problématique – cela veut dire : repérer ce qui, dans le sujet, fait problème (le plus souvent un paradoxe implicite), problème qui pourra ultérieurement être modifié ou dépassé par le progrès des analyses conceptuelles et référentielles.

Tout cela dit assez que le ressort d'une problématique philosophique est l'exercice dialectique. Car la dialectique n'est pas le canevas arbitraire dont certains ont fait la matrice obligée de leur bavardage (avec son découpage grotesque en trois parties : thèse, antithèse, synthèse ; quand ce n'est pas : oui, non, peut-être !) ; elle n'est pas une fabrique d'eau tiède. Mais elle est la dynamique de la pensée inquiète, l'aiguillon qui pousse à s'exposer sans cesse à la contradiction. En un mot : elle est la vie de la pensée. Puisse le lecteur trouver ici de quoi animer sa propre vitalité de penser.

Le public

Cet ouvrage s'adresse aux étudiants qui doivent produire des dissertations de philosophie, notamment les élèves de khâgne et les étudiants en philosophie.

L'auteur

Bernard Baas est professeur honoraire de philosophie en khâgne au Lycée Fustel-de-Coulanges (Strasbourg). Il est agrégé et docteur en philosophie, ancien membre des jurys du Capes et de l'agrégation.

Sa page Wikipedia rappelle que dans d'autres ouvrages, il a travaillé sur les liens entre philosophie et psychanalyse.

Sur le web

Romain Couderc, professeur agrégé de philosophie, a commenté l'ouvage sur son blog.

« Bernard Baas montre par l'exemple, et exemplairement, qu'une dissertation est avant tout l'expression pratique et vivante de l'exercice du jugement réfléchi. [...] L'écriture avance ici joyeusement, avec souffle, précision et témérité, dans des sujets de dissertation amples, variés et solidement argumentés, qui procurent un vif plaisir de lecture et attisent le désir de poursuivre le travail engagé. »

Témoignages de lecteurs

5 étoiles Un bon outil
Cet ouvrage présente 15 dissertations de philosophie, qui permettent aux étudiants de se faire une idée de ce qui est attendu de leur part en concours ou aux examens. La qualité des dissertations est très bonne, et les sujets divers.

Lecteur Amazon

5 étoiles On comprend le processus de la dissertation
L'ouvrage contient des dissertations de philosophie de très bonne tenue. Ce ne sont pourtant pas des modèles de dissertations que les élèves peuvent produire car elles sont très longues. C'est en fait l'occasion de bien voir étape par étape comment la pensée se cherche et se construit pour bâtir des dissertations ; il s'agit de comprendre l'esprit de l'exercice. Par leur richesse, ces dissertations sont également une manière de comprendre et d'absorber le cours de philosophie. Enfin, la langue est belle et précise.

Lecteur Amazon

5 étoiles Enfin un livre de dissertations propres !
C'est un très bel exemple de plusieurs dissertations entrant assez en profondeur. Je recommande !

Lecteur Amazon